Cet article n’est pas destiné directement aux parents d’enfants souffrant de troubles spécifiques du langage, comme la dysphasie* ou un trouble phonologique*, bien qu’ils puissent y trouver des pistes de stimulation langagière utiles. Il s’adresse principalement aux enfants avec un développement dit “normal” du langage.
Et si, nous parents, sans le vouloir, commettions des erreurs dans le chemin de l’apprentissage du langage de notre enfant.
Saviez-vous par exemple q’un simple “non, on ne dit pas comme ça” peut parfois suffire à bloquer notre enfant dans la parole?
Pour commencer, qu’est-ce qu’un retard de langage?
Simonne Artman, qui est orthophoniste, a dit dans une interview: « Un enfant doit être capable de former des phrases et de pouvoir parler normalement vers l’âge de trois ans. Un retard de langage empêche l’enfant de faire tout ça. Il arrive aussi que seuls les parents réussissent à comprendre leur enfant : cela peut être un indicateur de retard de langage. »
Un retard de parole ou un trouble du langage se manifeste souvent par des difficultés à combiner les phonèmes(sons), à structurer des syntaxe (phrases), ou encore à articuler correctement. Ces troubles peuvent impacter les apprentissages scolaires et le développement cognitif global.
Donc comment faire, nous parents, pour aider notre enfant à développer son langage oral?
Car, dans les observations de Maria Montessori, le langage n’est pas un “plus” dans le développement de l’enfant : c’est un besoin vital, au même titre que manger, marcher ou dormir.
Maria défendait l’idée que l’enfant possède une “esprit absorbant” entre 0 et 6 ans, c’est-à-dire qu’il capte tout ce qui l’entoure sans effort, telle une éponge. C’est donc l’opportunité à nous parents de créer l’environnement idéal afin que notre enfant absorbe le langage.
Le but n’est plus de « stimuler » l’enfant à tout prix, avec tout le stress et la charge mental que cela implique. Il s’agit plutôt d’enrichir l’environnement linguistique de l’enfant pour lui permettre de se développer à son rythme, et surtout de respecter son rythme naturel.
À titre personnel, j’ai fais ma première phrase à 3 ans, non pas parce que j’avais une pathologie qui expliquait ce retard, mais du fait de ma grande timidité. Je ne sais pas précisément l’environnement dans lequel j’ai baigné, qui pourrait également expliquer ce blocage. (étais-ce dû à une exposition excessive aux écrans? Je n’ai pas enquêté pour savoir)
Nous sommes les jardiniers du langage
Imaginez maintenant un jardinier. Il ne tire pas sur les plantes pour les faire pousser bien sûr.
Il prépare le sol, arrose régulièrement… et laisse la nature faire le reste.
L’adulte est le jardinier de l’acquisition du langage : il prépare un terrain fertile pour que les habiletés langagières puissent éclore naturellement, sans forcer.
Développer le langage selon Montessori, c’est créer les conditions idéales pour que la parole germe naturellement.
Les causes permettant de stimuler le langage de l’enfant selon Montessori et les conseils des orthophonistes
Il n’existe pas de formule magique pour que l’enfant parle « à temps ». Mais certains gestes du quotidien, simples et puissants, peuvent faire toute la différence. La pédagogie Montessori comme les orthophonistes s’accordent sur ce point : le langage se nourrit de présence, de précision et de lien. Voici les piliers les plus efficaces pour accompagner notre enfant avec douceur.
1. Parler souvent… et avec des mots précis
C’est la base : pour que l’enfant parle, il doit entendre des mots, beaucoup de mots. Mais pas n’importe lesquels:
- On lui parle souvent, dès le plus jeune âge.
- On utilise un vocabulaire riche et exact : on ne dit pas “un outil”, mais “une clé à molette”.
- On nomme les objets réels qu’il manipule : un vrai citron plutôt qu’un dessin abstrait.
Montessori insiste : le langage de l’enfant se structure dès ses premières années, autant le nourrir d’un vocabulaire juste et concret.
🛁 Astuce inspirée de Simonne Artman :
Chaque jour, consacrez cinq minutes à décrire précisément ce que vous faites :
« J’ouvre le robinet d’eau chaude. Je ferme le robinet. J’enlève ton t-shirt : d’abord le bras gauche, puis le bras droit… »
Cela montre à votre enfant que chaque geste peut être mis en mots — une manière douce et naturelle d’enrichir son vocabulaire.
2. L’écouter avec attention et bienveillance
Parler, oui, mais écouter aussi. L’enfant a besoin de sentir qu’il est entendu, accueilli, et respecté dans ses essais.
- On se met à sa hauteur, on soutient son regard.
- On attend quelques secondes après ses mots ou ses gestes : cela lui laisse le temps de chercher ses mots.
- Et surtout, on ne le corrige pas brutalement : on reformule doucement, comme un miroir bienveillant.
Exemple :
— « Moi veux pain. »
— « Ah, tu veux du pain ? Bien sûr, je te donne une tranche. »
Ce type d’interaction lui montre qu’il est compris, tout en lui offrant la bonne structure, sans le décourager.
Simonne Artman recommande aussi de verbaliser ses demandes à sa place pour l’encourager à s’exprimer :
« Tu veux le camion ? Tiens, je te donne le camion. »
3. Lire, décrire, questionner
La lecture est un merveilleux outil pour éveiller le langage et enrichir le vocabulaire :
- Lire 10 minutes par jour, avec des livres simples, réalistes, riches en images.
- Décrire les images, poser des questions ouvertes : « Tu vois quoi ici ? »
- Ne pas forcer la réponse, mais laisser un temps de réflexion et encourager avec douceur.
L’astuce de Simonne Artman :
Lisez une histoire en vous contentant de décrire les images et en posant des questions simples :
« Regarde, c’est quoi ça ? (on attend quelques secondes) … Une vache ! »
Même s’il ne répond pas, vous l’encouragez à observer, réfléchir et parler.
4. Jouer avec les sons et les chansons
La musique est une alliée naturelle du langage : elle stimule la mémoire, le rythme, l’écoute… et rend tout cela plus amusant.
- Intégrer des comptines et des petites chansons tout au long de la journée.
- Chanter ce que vous faites : « On met la couche, la couche bien douce… »
Ces petites ritournelles ancrent les mots dans le quotidien avec légèreté.
5. Les activités Montessori à proposer selon son âge
Ces activités favorisent le développement langagier dès la petite-enfance, bien avant l’entrée dans le langage écrit.
La pédagogie Montessori regorge d’activités simples et efficaces pour enrichir le vocabulaire et structurer le langage :
| Âge | Activités clés | Objectif | Vidéo Youtube tuto |
|---|---|---|---|
| 1 an | Cartes imagées, objets miniatures | Associer les mots aux objets | https://www.youtube.com/watch?v=aVmXNkBiqy4 |
| 2 ans | Leçons en 3 temps | Fixer un vocabulaire précis | https://www.youtube.com/watch?v=q-H0rHfJeVI |
| 3-6 ans | Cartes de nommenclature | Structurer le langage et préparer à la lecture | https://www.youtube.com/watch?v=jQSAmHPb_50 |
✅ Idées concrètes :
- Créez une petite corbeille de fruits ou d’animaux miniatures.
- Affichez 4 ou 5 cartes imagées à sa hauteur, que vous changez chaque semaine.
- Utilisez les leçons en trois temps Montessori :
- « Voici une poire »
- « Montre-moi la poire »
- « Qu’est-ce que c’est ? »
Et si malgré tout, le langage tarde à venir ?
Chaque enfant évolue à son rythme. Mais si à 3 ans, votre enfant parle très peu ou pas du tout, un bilan orthophonique peut être utile. Il est totalement pris en charge, et permet de repérer un simple retard ou un besoin d’accompagnement plus spécifique — sans attendre inutilement.
En effet, un dépistage précoce auprès d’un spécialiste en orthophonie peut faire toute la différence, notamment pour détecter un trouble auditif, un bégaiement, ou une dyslexie naissante.
La bonne attitude à adopter avec nos enfants pour développer leur langage
Pour que notre enfant se sente à l’aise à l’oral, il ne faut pas le forcer à parler coûte que coûte, ni exercer sur lui une pression.
Plutôt, on devrait l’aider en reformulant ses phrases (ex: “Moi veux pain.” → “Tu veux du pain ?”), ou bien lui proposer des choix si l’enfant cherche son mot (ex: “Tu veux la balle ou la voiture ?”).
Nous devrions également prendre soin à parler lentement, à bien articuler, et à accentuer certaines syllabes.
Pour réussir à faire parler l’enfant, on peut:
- Parlez de ce qui le passionne pour susciter son envie de communiquer.
- Observer ce qui attire l’attention de l’enfant et en parler avec lui pour encourager l’expression verbale.
- Utiliser ses jouets ou jeux préférés comme support de langage.
Les erreurs à éviter absolument en tant que parents dans l’apprentissage du langage
L’erreur la plus courante est de demander à l’enfant de se répéter.
Plutôt, on répète correctement sa phrase s’il nous parle et que nous comprenons. On répète lentement mais à un rythme de conversation. RIEN NE SERS DE lui demandez pas de répéter la phrase correct, il intègrera la correction de lui-même.
Simonne Artman : « Ce qu’il ne faut surtout pas faire, c’est lui demander continuellement de se répéter. S’il doit se répéter à chaque fois, il perdra l’envie de s’exprimer, ce qui est l’inverse de ce qu’on veut faire. Si l’on a compris ce qu’il veut dire, il vaut mieux répéter ce qu’il a dit, correctement cette fois-ci. Dans le cas contraire, vous pouvez lui faire plusieurs propositions de ce que vous pensez avoir compris. Si vous lui donnez de vous-même la bonne formation de phrase, il assimilera bien plus simplement la façon correcte de parler. »
D’autres recommandations tiré des professionnels sont aussi à prendre en compte comme:
- Ne pas exposer l’enfant excessivement aux écrans. Limiter l’utilisation des écrans, qui peuvent nuire sérieusement au développement du langage de l’enfant.
- Veiller à ce que l’enfant ait un sommeil de qualité, essentiel pour son développement global.
- Eviter d’employer un langage infantilisant. Comme on l’a vu plus haut, le langage « bébé » peut entraver le développement d’un langage structuré et riche.
- Eviter d’ignorer ou de minimiser les tentatives de communication de l’enfant. Plutôt, Lui suggérer des hypothèses si on ne comprend pas ce qu’il dit. S’il montre alors de l’énervement, dites-lui « montre-moi » et verbalisez. Ne faites pas semblant de ne pas comprendre si vous avez compris
Toutes ces causes garantiront-elles un résultat?
Je vais être honnête avec vous : la méthode Montessori ne promet pas de miracle.
Il n’y a pas d’étude qui prouve de façon absolue que cette approche va automatiquement favoriser le langage des enfants.
Mais ce qu’elle offre, c’est un environnement bienveillant, calme et respectueux.
Un espace où l’enfant peut s’exprimer sans crainte,
où chaque mot, même hésitant, est accueilli avec patience et encouragement.
En tant que parents, il est impossible de garantir des résultats précis.
On ne peut pas forcer un enfant à parler plus vite, ni à dire des phrases parfaites du jour au lendemain.
Mais ce qu’on peut faire, c’est lui offrir le meilleur cadre possible pour qu’il ose, pour qu’il prenne plaisir à s’exprimer.
Montessori et tous les conseils des orthophoniste, ne sont pas une baguette magique.
C’est plutôt instaurer le meilleur cadre possible pour faire développer le langage de l’enfant à son propre rythme
Et ça, ça fait toute la différence.
Et au niveau scolaire?
Simonne Artman : « Il faut prendre les choses en main rapidement : consultez un orthophoniste et travaillez avec lui. Le risque serait qu’il ait des difficultés à apprendre à lire, et développe un retard au niveau scolaire. Un enfant avec un retard de langage peut comprendre le mécanisme de lecture, mais n’en comprendra pas le sens : quel intérêt à la lecture alors ? J’encourage les parents inquiets à demander un bilan pour leur enfant chez un orthophoniste, afin de ne pas handicaper l’enfant dans sa vie future. »
Pour aller plus loin
Quand le langage s’épanouit enfin, une nouvelle porte s’ouvre doucement : celle de la lecture. Car parler et lire sont intimement liés — plus l’enfant maîtrise les mots à l’oral, plus il est prêt à les découvrir à l’écrit.
L’enfant qui a bien acquis le langage oral est mieux préparé à entrer dans le langage écrit.
Si votre enfant commence à s’exprimer avec aisance, que vous sentez chez lui de la curiosité pour les lettres ou qu’il adore qu’on lui lise des histoires, c’est peut-être le bon moment pour l’accompagner vers cette belle transition. J’ai écris un article à ce sujet, sur ce lien.

Pour cela, je recommande cette formation douce et progressive, inspirée de la méthode syllabique et de l’approche Montessori, conçue pour faire le lien entre le langage oral et la lecture. Je vous donne mon avis sincère et honnête dans cet article.
FAQ – Retard de langage chez les jeunes enfants
Quelles sont les causes possibles d’un retard de parole chez un jeune enfant ?
Des facteurs variés comme un trouble auditif, un environnement peu stimulant ou un retard de développement langagier peuvent ralentir l’acquisition du langage.
Mon enfant est bilingue, cela peut-il expliquer son retard de langage ?
Le bilinguisme n’est pas une cause de trouble en soi, mais il peut modifier la manière dont l’enfant organise ses habiletés langagières, surtout au début.
Quand faut-il consulter un orthophoniste ?
Dès que vous observez un décalage important dans le développement du langage de votre enfant, ou des signes de trouble spécifique, un dépistage en orthophonie est conseillé.
Petit glossaire pour mieux comprendre les mots du langage
Quand on commence à s’inquiéter pour le langage de son enfant, on tombe souvent sur des mots un peu effrayants. Alors j’ai eu envie de tout rassembler ici, simplement, pour que vous puissiez mieux vous y retrouver
Trouble du langage
C’est un terme général. Il désigne quand un enfant a des difficultés à parler, comprendre, bien prononcer, ou faire des phrases complètes. Ce n’est pas toujours grave, mais ça mérite qu’on y prête attention.
Trouble spécifique du langage
Là, c’est un trouble du langage qui n’est pas causé par une surdité, un retard global ou autre chose. C’est le langage qui est touché directement, souvent de façon durable. Il peut être léger ou plus marqué.
Dysphasie
Un mot un peu impressionnant, je sais… Il s’agit d’un trouble neurodéveloppemental qui affecte la construction du langage oral. L’enfant peut avoir du mal à s’exprimer clairement ou à comprendre ce qu’on lui dit, malgré une intelligence tout à fait normale.
Phonèmes
Ce sont les petits sons qui composent les mots, comme le « p » dans « papa » ou le « s » dans « soleil ». Les enfants doivent apprendre à les reconnaître et à les assembler. Quand c’est difficile, cela peut freiner leur langage ou l’apprentissage de la lecture plus tard.
Trouble phonologique
L’enfant fait des confusions de sons (“cato” au lieu de “château”, par exemple). Il ne s’agit pas juste d’un petit défaut mignon, mais d’une difficulté à organiser les sons dans sa tête.
Bégaiement
Certains enfants répètent les syllabes (“je-je-je veux”) ou bloquent sur un mot. Ça arrive souvent autour de 3-4 ans. Parfois c’est passager, parfois un suivi orthophonique est utile.
Dyslexie
Elle touche le langage écrit : la lecture, l’orthographe… Souvent, les enfants dyslexiques ont aussi eu de petites difficultés avec les sons (phonèmes) plus jeunes.
Trouble auditif
Un petit souci d’audition, même discret ou passager, peut empêcher un enfant d’entendre correctement les sons, donc de les reproduire fidèlement. C’est une cause à toujours vérifier.
Retard de parole
Un enfant qui parle plus tard que les autres, ou avec moins de mots. Parfois, ça se rattrape tout seul. D’autres fois, un petit coup de pouce d’un orthophoniste aide à débloquer les choses.
Dépistage
C’est juste une évaluation, souvent très bienveillante, pour faire le point. On ne pose pas un diagnostic tout de suite, on observe, on s’adapte, et ça permet souvent de dédramatiser.
*Cet article contient des liens affiliés. Cela n’augmente pas le prix final que vous allez payer si vous passez par mes liens. Par contre, je toucherai un petit pourcentage du montant de ce que vous achèterez et cela me permettra de continuer à vous offrir autant de contenu gratuitement sur ce blog. Je vous en remercie.